HEPHAISTOS feat Tom Hardy ψ cuckoo clock heart

Dire qu'il ne fut pas un enfant désiré serait un mensonge. Dire qu'il fut à la hauteur de l'attente de sa mère en serait une erreur. Hera, indigne mère que voila, jalousa la capacité de son époux à enfanter seul, et son orgueil quelque peu froissé par ses innombrables infidélités, se hasarda à faire l'usage de magies dont elle ne saisissait pas les tenants ni les aboutissants. Apparu alors au creux des entrailles de la reine des reines les premiers battement de cœur d'un enfant à venir. La joie se fit sentir tandis qu'elle arborait non sans fierté le fruit de sa vengeance sous le né de son époux adoré autant qu'abhorré. Bientôt la vie fut expulsée de son corps, et sous les yeux de la belle commença à vagir l'enfant qu'elle avait façonné. Horrifiée fut elle en voyant que le nourrisson ne portait sur lui aucun attribut de beauté, et comme prise d'une vanité mal placée, elle osa le jeter de l'Olympe comme pour oublier ce qu'elle avait fait.

Pauvre enfant qui, sans être déchu de ses qualités divines, écopa tout de même d'une blessure qui jamais de pourrait guérir. Lui qui était déjà si laid, se retrouva affublé d'une jambe broyée, stigmate à jamais visible de sa déchéance aux yeux de sa mère. Il fut néanmoins recueillis par Thetis et Eurynomé qui l'élevèrent bien loin des affres de la divinité. Caché de tous il apprit à se servir de ses mains, et montra bien vite une capacité hors du commun à fabriquer diverses choses, à façonner la beauté, à donner forme à toutes inventions. Le temps passé à donner corps lui laissa bien du temps pour ourler d'or les rouages de sa vengeance.

Car, voyez-vous, Héphaïstos à beau avoir un corps de brute, un visage buriné, et une attitude d'ours mal-léché, c'est assurément un esprit plein de subtilité. Il est vrai que pour tout observateur qui saurait se montrer fin il ne serait pas difficile de déceler l'ingéniosité derrière la bête. Ainsi, bientôt, il se vengea de sa mère et surtout de la vaniteuse cupidité de celle-ci, en lui offrant le plus somptueux des trônes. Ô la reine des des déesses n'en fut pas en reste, car à peine son séant poser sur l'assise elle se retrouvait prisonnière d'immenses bras d'or dont on ne pouvait la défaire. Il se gaussa longtemps de sa diablerie, et se fit prier tout aussi longtemps tandis qu'on le fit querir pour la délivrer.

Il fallu attendre les ruses enivrées de Dyonisos pour le faire sortir de son antre. Néanmoins, même sous l'empire de l'alcool, il restait buter sur son idée. Il ne délivrerait pas Hera, tout du moins il ne la délivrerait qu'à une condition. Aphrodite devait devenir son épousée. Certain que cela ne se produirait pas, il était prêt à rentrer chez lui quand, contre toute attente, Zeus accepta sa requête. Était pris qui croyait prendre. Ainsi Hera fut délivré, et de cette façon débuta son calvaire.

On dit que le mariage est une expérience de vie qui peut être tout aussi fantastique qu'elle peut être cauchemardesque. En ce qui concerna leur union, elle fut cauchemardesque, autant pour lui qu'elle sembla l'être pour elle. Si elle était la déesse de l'amour, elle se montra peu aimante envers celui qui lui servait d'époux et elle en encourra bien vite le châtiment. Si lui se sentit plus d'une fois humilié à mesure qu'elle engendrait une myriade de petits bâtards, il se trouva fort à propos de piéger son épouse ainsi que son amant en faisant la risée de tout l'Olympe.

Le soulagement fut de courte durée, néanmoins ce fut à cet instant là, qu'il se jura de ne plus l'attendre et de ne plus rien vouloir d'elle. Il noya sa peine et son cœur brisé dans le travail, l'alcool, et se laissa même aller dans les bras d'une humaine. De cette étreinte fugitive naquit néanmoins un enfant. S'il s'avéra un fort mauvais époux, il ne fut pas meilleur en tant que père. Habitué à sa solitude, il retourna promptement se terrer dans les tréfonds de son volcan, ne se rappelant au bon souvenir de ses pairs que par le bruits de son marteau frappant le métal.

Il fallut véritablement attendre la décision de Zeus de rebattre les cartes des mondes pour que sa vit bascule. Revenu sur les terres de son enfance, dieu parmi les mortels, il prit le parti de vivre comme l'un des leurs. Bien loin du faste et du tape à l'œil de ces autres. Pourtant, il était une chose qu'il n'avait pas prévu. Une chose aussi insignifiante aux yeux des autres, et pourtant si violente pour lui. Le fait de la sentir parmi tant d'autre, de la ressentir partout tout ses autres. Après tout, elle était la déesse de l'amour, et il n'est rien de plus appréciable que l'amour au sein d'une vie aussi éphémère que celle d'un mortel.