Eris- feat Charithra Chandran- Goddess of discord and strife

Je suis la déesse de la Discorde. Je pense que c'était franchement à prévoir au vu de mon nom: Eris, le conflit, la querelle. Je n'en ait jamais été mécontente, bien au contraire, c'est un nom qui me plait, qui vibre avec chaque atome de mon être et en imprègne mon essence autant que moi j'en imprègne la sienne. Le fil de ma vie est trop long pour être lu et suivi d'une traite. C'est courant avec les êtres immortels, notre propre fil s'enroule, se tord, se noue dans tous les sens et s'emmêle, bien trop pour que nous puissions le remonter aisément. Passé et présent deviennent des notions bien floues et aux frontières brumeuses. Je n'ai rien contre mon tas de noeuds, la chronologie exacte n'a plus d'importance pour moi. J'aime son chaos, sa confusion, son incertitude constante. On apprend vite que de toute façon l'exactitude de nos souvenirs n'a que peu d'importance.

Les moments importants restent, que ce soit l'éclat doré sous le soleil d'un cadeau empoisonné,durant un banquet nuptial. La longue série de batailles et de conflits, le goût du sang et des cendres dans ma bouche se mêlant au parfum de l'encens brûlant et de l'ambroisie. La peur aigre des mortels, le sel de leurs larmes et de leur sang, mes pieds nus dans leurs entrailles répandues au sol alors que je dansais au milieu des carnages. Le vol sombre de Thanatos, la symphonie fracassante du combat, mon rire et celui de mon frère au milieu des râles, cris, pleurs et suppliques inutiles. Je savourais mon oeuvre entièrement et pleinement. La réalisation de mon travail. Je plante les graines et les faits éclore patiemment, Ares en récolte les fruits et les mords à pleine dents pendant que moi je profite des festivités des vendanges.

Le reste n'est que de peu d'importances, les humains restent les mêmes, ils jouent les mêmes rôles, les mêmes pièces, il n'y a guère que les acteurs et les décors qui changent. Le reste n'est que variation subtile sans grande importance. Cela dit j'avoue que me mêler directement à la foule humaine, prendre forme de chair, palpable et incarnée pour continuer mon travail m'a manqué. Cette nouvelle ère s'annonce pleine de joie et de passion. Et moi, je vais pouvoir retourner danser à nouveau, pieds nus et rire à gorge déployée.